• Les lieux de travail ne sont pas que des décors

    « Top 6 des plus beaux toboggans d’entreprises ». Non il ne s’agit pas d’un article du Gorafi mais du titre d’un reportage sérieux sur les sièges d’entreprises où il fait bon travailler. Finis les rêves de bureaux d’angle individuels au sommet d’une tour en verre. Les salariés, jeunes diplômés comme vieux routiers, rêvent désormais de travailler depuis leur salon ou dans un succédané de Disneyland où des canapés jouxtent flipper et baby-foot dans des salles de réunion propices à la créativité et à l’innovation – maîtres-mots de la nouvelle économie. On se moque ? Nous n’oserions pas, nous qui travaillons au sein de l’agence de communication BETC qui a récemment investi les Magasins Généraux à Pantin pour en faire un terrain de jeux pour jeunes designers et y expérimenter le principe du « bureau libre ». Nous y reviendrons…

    Ce qui nous intéresse c’est comprendre en quoi la nouvelle pensée de l’aménagement des bureaux et des entreprises est emblématique d’un nouveau rapport au travail et ses conséquences et opportunités pour les entreprises. En effet, nous ne croyons pas qu’il s’agisse d’un effet de mode ou de tendance superficielle. L’aménagement des entreprises a toujours été le révélateur d’un état d’esprit de la société. A l’instar des premiers open-spaces aux Etats-Unis qui prolongeaient le fordisme en l’appliquant à l’organisation de l’économie des services en pleine expansion. Qu’attend-on des lieux aujourd’hui ? Que disent-ils de notre société et de notre rapport au travail ?

    Les lieux porteurs d’un sens et d’un bien-être auxquels le travail ne prétend plus suffisamment ?

    De nouveaux marronniers ont poussé dans les médias. Après l’épidémie du burn-out, voilà la maladie du brown-out (également appelé dans un langage plus familier « les bullshit jobs » ou « jobs à la con »). Ces nouveaux maux (et mots) du travail témoignent d’un malaise croissant envers l’activité salariée (plus spécifiquement celle des employés et des cadres) au sein des entreprises. Activité qui serait dénuée de sens. Les preuves de ce malaise : le nombre de jeunes diplômés qui rêvent de créer leur propre entreprise (25% des diplômés d’HEC font ce choix en 2015 alors qu’ils n’étaient que 15% il y a dix ans) mais également ceux qui décident de bifurquer vers des métiers manuels. Pour contrer ce malaise et ce désengagement les entreprises répondent entre autres par flexibilité, responsabilité et innovation dans les process. Elles mettent également en avant leur engagement sociétal – notamment en offrant à leurs salariés la possibilité de s’engager dans des mécénats de compétences ou en finançant leurs congés solidaires. Enfin elles investissent massivement dans les lieux. Bien sûr que de nombreux déménagements et réaménagements de lieux de travail sont d’abord motivés par des besoins d’économies au mètre carré. Mais ils le sont également par l’envie de répondre à cette fameuse « attente de sens » de leurs salariés. Quand on interroge des jeunes entrepreneurs ils décrivent d’abord leur recherche d’espace de co-working où tout ne serait que moquette épaisse, cuisine collective et canapés moelleux. Quand on interroge les jeunes (sur)diplômés qui ont des envies de prendre le large, ils décrivent des rêves d’ouverture d’épiceries et de restaurants bios ou de concept-stores où tout ne serait que « luxe, calme et volupté ». Autrement dit des lieux à taille humaine faits de bois, de béton, de verre et d’espaces verts… Bref ils racontent un travail où le lieu depuis lequel il s’exerce en est l’essence-même. Un peu comme si le lieu se substituait progressivement à l’activité travaillée elle-même. Un peu comme si investir un bel endroit devenait la condition du bien-être et de l’épanouissement.  Un peu, enfin, comme si les lieux étaient l’élégant tapis persan sous lequel dissimuler des questions plus profondes sur la nécessité du travail et le sens de se lever tous les matins…

    Nous croyons que créer des lieux, les penser, les aménager, les décorer ne devrait pas être une action cosmétique mais l’occasion de redéfinir une vision au cœur d’une catégorie, d’une pratique professionnelle ou d’une entreprise.

    C’est ce que nous essayons d’inventer chez BETC. Il ne s’agit pas de créer un lieu cool pour jeunes trentenaires barbus en baskets sirotant des cafés latte toute la journée… Il s’agit d’inventer une nouvelle façon de travailler grâce à des espaces qui multiplient les occasions de rencontres entre les profils. Pour mixer les expertises et les talents et faire éclore des idées porteuses de sens et créatives. C’est répondre au défi de l’intégration pour nos clients, c’est répondre au défi de l’utilité de la communication pour les gens.

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